L’Ape musicale

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D'en haut au bas

 par Suzanne Daumann

Andrea Chénier à Munich: le metteur en scène Philippe Stölzl respecte le contexte historique, tout en développant un regard contemporain sur l’oeuvre et ses protagonistes. Ambrogio Maestri est magnifique, Anja Harteros la reine de la soirée, tandis que Jonas Kaufmann n'est pas à son mieux. Omer Meir Wellber s’avère un chef minutieux et énergique, laissant vibrer et étinceler maint détail d’une partition qui convainc surtout par sa fonctionnalité.

MUNICH, le 31 juillet 2017 - Dans la nouvelle production du Staatsoper de Munich, le metteur en scène Philippe Stölzl respecte le contexte historique, tout en développant un regard contemporain sur l’oeuvre et ses protagonistes. Une scénographie sobre et fort lisible juxtapose « ceux d’en haut » et « ceux d’en bas », et dans le premier tableau, au château de Coigny, les domestiques vivent leur misérable vie en dessous de leurs maîtres, et ces quartiers d’en bas laissent déjà entrevoir les renversements de la situation et les prisons de la Révolution. Tapisseries et robes somptueuses couleur champagne, en haut tout est lumineux et chaleureux, en bas tout est sombre et miséreux; la Comtesse de Coigny, précieuse et majestueuse comme il se doit, interprétée avec bravoure par Doris Soffel - le tableau de la société noble et oisive est parfait. Le poète Andrea Chénier et la jeune comtesse Maddalena détonnent un peu dans ce cadre, lui par ses habits un peu usés et par sa pensée pro-révolutionnaire, elle, par sa robe blanche assez simple, et par sa vague envie de liberté, exprimé dans sa complainte sur l’inconfort des robes et corsets. C’est cette rencontre d’idées qui initie l’improbable histoire d’amour qui s’ensuit. Néanmoins, cette histoire n’est qu’une facette de cette oeuvre qui tente de conter l’Histoire par des histoires. Ainsi, au deuxième tableau, nous sommes à Paris, en pleine Terreur, et la scène montre simultanément les rues de la ville, un bordel, en bas les prisons, et Andrea Chénier a élu domicile dans sa future cellule. L’ancien serviteur Carlo Gérard se révèle comme le vrai protagoniste de l’histoire: Devenu la main droite de Robespierre, il fait rechercher et Maddalena dont il est amoureux, et Chénier dont il est jaloux et qu’il soupçonne d’avoir des idées qui „trahiraient“ la Révolution. Blessé par Chénier lors d’un duel, il le couvre cependant et lui sauve la vie, et lorsque Maddalena lui propose, plus tard, sa vertu en échange de la liberté de celui-ci, il finit par renoncer à elle. Malgré ce support tardif, Chénier est condamné à mort et Maddalena décide de mourir avec lui. À côté de ces drame, l’oeuvre conte d’autres histoires, notamment celle de „la vieille Madelon“, une vieille femme qui a perdu presque toute sa famille et vient néanmoins sacrifier son dernier petit-fils à l’armée de la Révolution. Elena Zilio l’interprète et chante son air touchant avec tant de conviction et justesse, avec une voix qui retient tout juste les larmes, que tous les coeurs de mères de fils se brisent un peu dans la salle, et qu’on pense à toutes les mères de tous les fils sacrifiés pour tant de causes, jadis et aujourd’hui. Carlo Gérard est interprété ce soir par Ambrogio Maestri, remplaçant Luca Salsi, et le public n’a rien perdu au change. Maestri est magnifique, voix de baryton chaude et ample, intonation parfaite, il incarne à la perfection cet anti-Scarpia dans son développement et ses contradictions. Magnifique également Anja Harteros dans le rôle de Maddalena. Cette comtesse est la reine de la soirée: elle chante ses airs et les duos avec tant de force ingénue, sa voix pure et chaude suit la ligne mélodique avec tant de grâce que les ovations debout à la fin du spectacle sont amplement méritées. Jonas Kaufmann, Andrea Chénier, n’est pas au top de sa forme ce soir. Acteur consommé, il joue son rôle à la perfection comme toujours, cependant on le sent un peu las, un tantinet routinier, et si ses pianissimi célèbres sont fins et tendus comme on les lui connait, il peine un peu dans le forte. Le fait que l’orchestre, pendant la première moitié du spectacle surtout, avec sa musique plutôt guerrière, a tendance à couvrir les chanteurs n’aide pas vraiment. Jonas Kaufmann est Jonas Kaufmann est Jonas Kaufmann, et le chouchou des Munichois mérite amplement les applaudissements chaleureux de son public. Omer Meir Wellber, une fois que la musique lui en donne le loisir, s’avère un chef minutieux et énergique, laissant vibrer et étinceler maint détail d’une partition qui convainc surtout par sa fonctionnalité.

Une belle production, où tout se tient, une belle soirée d’été à Munich. Bravi tutti, merci! 

foto © Wilfried Hösl


 

 

 
 
 

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